Tokyo Alice [PC]

Un lapin, un chat étrange, un chapelier, des fleurs qui parlent, des cartes anthropomorphes… Si le début vous a peut-être fait penser à une chanson d’Ilona Mitrecey vous avez forcement reconnu par la suite le conte de Lewis Carroll. C’est à celui-ci que nous faisons référence aujourd’hui avec le visual novel Tokyo Alice. Énième adaptation de l’œuvre, comment cette histoire peut-elle encore arriver à nous surprendre ?

(Note : Bien que j’ai testé la version anglaise, il existe un patch FR délivré par la team Sentaku no yume. Pas d’excuses pour les anglophobes).

Cela fait trois jours que vous n’avez pas eu de nouvelles d’Aritsu. Voulant prendre des nouvelles, Outah (vous) décide d’aller à la rencontre de sa nébuleuse amie d’enfance. En lieu et place, il trouve son amie changée et portant des vêtements d’un autre temps. Cette dernière le guide vers un endroit difficile à imaginer à Tokyo. Un monde de verdure peuplé d’étranges créatures et personnages, quoique bien connu. C’est le pays des merveilles d’Alice. Faisant la connaissance du fameux lapin (qui a changé de couleur pour l’occasion), le rôle d’Outah semble clair : il doit réveiller Aritsu (devenue maintenant Alice) du rêve qu’elle est en train de faire.

On aurait pu craindre le pire, cependant Tokyo Alice est bien loin de la bête adaptation. Ici seul l’univers du conte est, assez librement, repris et l’histoire et sa finalité en sont bien différentes.
La trame scénaristique est divisée en deux parties, la première, la plus longue, est burlesque alors que la seconde est beaucoup plus sentimentaliste. L’humour est celui qu’on peut attendre des mangas d’aujourd’hui. Des situations ridicules, des personnages farfelus, un héros désemparé. L’univers absurde de Carroll aide forcément en cela. Beaucoup de jeux de mots y sont aussi présents.


Image gauche : La relation entre Aritsu et Outah est une allégorie de l’asymétrie cérébrale
Image droite : À chaque Game Over le chat du Cheshire apparaît pour vous donner un conseil

Le scénario ne vous fera pas tomber à la renverse car il utilise des mécanismes bien connus. Cependant ceux-ci sont utilisés de fort belle manière et le scénario est bien ficelé et vraiment très efficace à défaut d’être original. On aurait presque envie de verser une larmichette à la fin du jeu. Les thématiques dégagées par le titre sont, bien sûr, l’onirisme qui y tient une place d’honneur mais aussi l’asymétrie cérébrale et le repli sur soi.

Le VN se veut particulièrement interactif avec beaucoup de choix vous étant proposés. En recommençant le jeu on se rend compte qu’il y a beaucoup de personnages et de lieux n’ayant pas été rencontrés/visités.


Image gauche : Les photographies censées représenter le pays des merveilles sont sûrement celles de plusieurs parcs naturels japonais
Image droite : Profitez, c’est un des uniques personnages en plein écran que vous verrez durant le jeu

Visuellement le titre est impeccable et ce n’était pourtant pas gagné vu la présence minoritaire des dessins dans le jeu. Les décors sont tous des photographies de lieux réels, avec parfois quelques filtres et trucages appliqués à l’image. Quelquefois des scènes dessinées sont brièvement représentées à l’écran, certainement car il n’était pas possible de faire autrement. Le tout est englobé par le visuel d’une interface très soignée et travaillée. Les portraits des personnages sont représentés dans une petite carte près du texte, ce qui ne les empêche pas d’avoir des expressions faciales variées.

Coté réalisation sonore, Tokyo Alice ne dispose d’aucune voix et je dois avouer que ça ne m’a pas gêné un seul instant, au contraire cela permet même d’apprécier un peu plus les musiques du jeu. Celles-ci sont plutôt bonnes, à défaut d’être extrêmement mémorables, un peu de piano pour les scènes touchantes, de l’accordéon pour les scènes tordantes et le tour est joué.

On arrive maintenant sur le point noir du jeu à savoir sa durée de vie, comptez un peu plus de 5 heures pour en faire parfaitement le tour. Un seul bonus se débloque à la fin du jeu : un jeu de mémo avec des cartes à jouer retournées (vous savez, où il faut trouver des paires). Celui-ci vous pousse, en effet, à user de la grande rejouabilité du titre. Si vous rencontrez tous les personnages du jeu et que vous avez choisi au moins une fois chaque choix de chaque scène, vous gagnerez l’accès à un jeu beaucoup plus complet et difficile. Si vous en remportez une partie, vous débloquerez un très court épilogue, assez sympathique ma foi.

Disposant d’un scénario très efficace et agréable à suivre qui vous laisse souvent maître de l’action, Tokyo Alice est également très agréable à l’œil et à l’oreille malgré un flagrant manque de moyens. La rêverie tourne pourtant vite court mais on pourra excuser le titre qui se révèle être entièrement gratuit. Il est sûrement à mettre en haut du panier des titres sympathiques du genre.

 

Développeur : Bouquet
Année de sortie : 2008
Article publié originellement sur Gamekult le 24/07/2013