No More Heroes [Wii]

Après l’étrange Killer 7, Suda 51 revient avec No More Heroes.

Quelques mots sur la localisation du jeu pour commencer. En Europe le jeu a souffert d’une censure : le jeu assez gore et violent (peut-être trop pour la Wii ?) s’est retrouvé privé de tout excès d’hémoglobine (et quand on connait le jeu ce n’est pas rien). Heureusement il existe plusieurs solutions pour jouer à une version française sans censure que ce soit en achetant une version américaine et en utilisant un freeloader ou en utilisant un backup NTSC to PAL. Sachez quand même que le jeu perd pas mal de son charme une fois vidé de son sang.


À gauche : la version PAL, le sang est remplacé par une bouillie de pixels noirs
À droite : la version décensurée

Le jeu prend place dans la ville de Santa Destroy où vous incarnez Travis Touchdown, un otaku et fan de Lucha Libre qui après avoir acheté un sabre laser sur eBay rencontre une femme (Silvia) qui lui confie une mission d’assassinat. En l’accomplissant il devient officiellement le 12e assassin de la confrérie. Travis n’a alors plus qu’une idée en tête : éliminer les onze autres assassins et devenir le numéro un.


À gauche : Silvia vous appelle avant chaque boss, sa voix étant uniquement retransmise dans le haut-parleur de la Wiimote

Attention toutefois le jeu ne se prend pas au sérieux une seule seconde. Le scénario est complètement barré et rempli de non sens et de confusion, ne s’embêtant pas de cohérence et de logique futile. Le jeu est bourré de références et la fin est (délicieusement) bien barrée, une totale réussite à ce niveau là pour les amis du second degré.

Venons-en au gameplay qui utilise bien les capacités de la Wii. En mode combat vous frappez au sabre avec le bouton A et frappez au poing ou au pied avec le bouton B (ce qui permet surtout d’assommer vos ennemis et d’effectuer une chope). Une fois l’ennemi vidé de sa vie ou une fois que vous avez terminé une chope, l’écran vous demande d’effectuer un mouvement à la Wiimote qui correspond à l’endroit où vous allez donner un coup de sabre. Le gros plus c’est que l’action de cet impressionnant finish move est accentué par un ralenti et le son de l’écrasement de l’air dans le haut parleur de la Wiimote, ce qui permet de donner un sacré rythme aux combats. Le coup donné peut affecter plusieurs ennemis selon la manière dont il est asséné, pour les chopes vous devrez par contre utiliser le combo Nunchuck+Wiimote.


À gauche : Les exécutions démesurément sanglantes sont jouissives à faire

Vous pourrez également, bien entendu, vous protéger et effectuer des esquives avec la croix directionnelle à la manière de certains BTA. La dernière grosse partie concerne les deux positions, haute ou basse, adoptées par Travis selon la façon dont vous tiendrez la Wiimote, qui auront éventuellement un avantage stratégique sur le combat. Finalement vous aurez aussi deux coups chargés dévastateurs mais seul le 2e, plus long à charger, vous permettra de vous déplacer pendant son chargement. Plusieurs autres coups sont à débloquer avec la quête des balles lokilov.

L’énergie de votre sabre s’épuisera au fur et à mesure que vous l’utiliserez et il faudra tôt ou tard le recharger en secouant la Wiimote à la façon d’une lampe rechargeable. Une roulette de machine à sous s’activera à chaque fois que vous réaliserez un finish move au sabre. De façon aléatoire vous pourrez alors changer d’état : obtenir un viseur au milieu de l’écran qui permettra de lancer des sabres mortels contre les ennemis distants, vous rendre très rapide, obtenir des bonus de points ou de vie ou encore entrer dans le très classe mode côté ténèbres faisant virer vos cheveux au jaune et ralentissant le temps, vous aurez alors juste à appuyer sur un bouton indiqué devant les ennemis pour effectuer d’impressionnantes exécutions.

On pourra quand même trouver le gameplay un brin répétitif. Pour l’étoffer un peu je conseillerais de chercher suffisamment de balles lokilov pour obtenir les coups spéciaux déblocables avec cette méthode dès le début du jeu. Ensuite, je conseillerais de chercher un peu dans la palette de mouvements car il y a d’autres techniques à utiliser, que je n’ai pas décrit, mais qui ne sont pas clairement expliquées. Vous pouvez par exemple augmenter l’efficacité des finish moves, effectuer intentionnellement une esquive latérale suivie d’une contre-attaque ou encore effectuer un puissant contre après vous être protégé, tout ça via manipulation spécifique. Je pense qu’à partir de ce niveau-là, il n’y a plus grand chose à redire.


À gauche : La musique « Heavenly Star » (également parue dans le jeu Lumines II quelque temps plus tôt) donne vraiment l’impression d’être dans une cabine d’essayage
À droite : Le développé couché est éprouvant, la Wiimote n’est pas adaptée au tapotage de bouton

Une fois un niveau et son boss associé complétés, une commission vous sera demandée pour effectuer le combat suivant et vous serez lâché dans Destroy city. Et c’est là que le jeu devient encore plus intéressant puisque entre chaque niveau vous devrez non seulement obtenir de l’argent pour payer la prochaine commission mais vous en voudrez aussi pour acheter d’autres sabres et pièces détachées (qui augmenteront votre puissance et changeront votre style de combat), pour payer des cassettes vidéos de catch qui vous apprendront de nouvelles souplesses, pour vous entraîner au dojo de Thunder Ryu ou encore pour vous payer de nouvelles fringues (le choix étant conséquent à ce niveau-là).


Les écrans de chargement sont vraiment chiadés

Pour payer tout ça, il vous faudra aller au pôle emploi local et faire des petits boulots particulièrement prestigieux sous formes de mini-jeux comme : ramasser des noix de coco, servir des clients à la station-service, nettoyer des graffitis avec un balai-brosse ou encore tondre la pelouse. À la suite de ça se débloquent des missions d’assassinat aux objectifs variés. Chacune de ces tâches débloquera une médaille en fonction de votre nombre de points une fois complétée.
Pour vous déplacer dans la ville vous aurez une moto qui ressemble assez à celle du manga Akira, malheureusement la gestion des collisions, lors de sa conduite, est assez désastreuse. Si les palmiers et les passants ne vous poseront pas de problèmes quand vous foncerez dedans, les voitures et les passages étroits sont a éviter comme la peste. De plus l’aliasing est vraiment accentué par ces phases. Cependant le maniement est simple et complet (nitro, départ canon, appel lorsque vous êtes trop loin d’elle, etc.).


À gauche : Les phases en moto accentuent l’aliasing du jeu

La volonté de faire un vrai jeu vidéo qui ne tend pas vers un certain réalisme comme la plupart des jeux actuels est clairement exprimée que ce soit à travers les interfaces entièrement en pixel art ou encore à travers la progression et les éléments de niveaux : coffres contenant des items, volées d’ennemis n’ayant pas de raison d’être et parfois strictement identiques, système d’arènes avec portes s’ouvrant toutes seules une fois tous les ennemis battus, mini-jeux parfois en moitié de niveau… cela accentue le non sérieux du jeu mais lui donne aussi un petit côté cheap que les jeux de niche ont parfois.

Côté graphique c’est en demi-teinte, autant c’est franchement minimaliste pour la partie technique : flou et aliasing (cachés en partie par le cell shading) autant la mise en scène, le chara design ou l’esthétique générale sont juste magnifiques. Pour la partie son, les voix sont parfaitement en accord avec les personnages, ces dernières avec les bruitages rythment parfaitement les combats. Les musiques, elles, arrivent à s’imposer juste un peu plus que des musiques sachant rester discrètes, elle sont cependant très agréables à l’écoute. On pensera surtout au thème principal du jeu (« zako ») joué au piano et sonorité électro à la fois étrange, entraînant et intriguant, avec beaucoup de variations ce qui permet de ne pas se lasser de l’écouter au fur et à mesure de l’avancée dans le jeu. On retiendra aussi les thèmes des différents boss : « Bad Girl » (très bon), « Shinobu » ou encore « Destroyman« .

Pour la durée de vie, le jeu met de 15 à 20 h pour se boucler en moyenne, pour l’augmenter vous pourrez vous lancer à la recherche des cartes à collectionner et balles lokilov pour obtenir tous les pouvoirs, essayer d’obtenir toutes les médailles d’or dans les petits boulots et les missions d’assassinat, finir toutes les missions spéciales (qui consistent à affronter des ennemis dans une arène en ayant un unique point de vie), obtenir la vraie fin (ce qui n’est pas bien dur, je l’ai obtenue du premier coup) ou encore recommencer le jeu dans une difficulté supérieure ce qui permet de débloquer des cartes avec des descriptifs des ennemis et des boss.


À droite : Dans la plupart des jeux on va se coucher pour sauvegarder. Travis, lui, va aux toilettes.

Avec No More Heroes la Wii acquiert un de ses jeux phares et une de ses valeurs sûres… encore faudra-t-il que vous accrochiez à l’ambiance profondément décalée du jeu.

Développeur : Grasshopper Manufacture Inc.
Année de sortie : 2008
Article publié originellement sur Gamekult le 12/06/2013