Trauma Center Under the Knife [NDS]

En 2001, Phoenix Wright Ace Attorney sortait au pays du soleil levant en se présentant comme étant une simulation d’avocat. Vu comme ça, cela paraît très chiant mais le jeu proposait une excellente narration et prenait extrêmement de liberté par rapport à la profession pour garantir un plaisir maximal de jeu. Quatre ans plus tard, Atlus s’inspire du hit de Capcom en nous proposant, cette fois-ci une simulation de chirurgien nommée Trauma Center.

Le jeu est découpé en phases de visual novel et en phases de chirurgie.
On incarne le docteur Stiles qui, comme Phoenix Wright, est un débutant dans la profession. Cet aspect est utilisé au début du jeu avec la négligence du personnage qui posera de graves problèmes comme on peut l’imaginer. Tout au long du jeu l’histoire s’interrogera sur ce que c’est qu’être médecin. On trouvera aussi des patients suicidaires ou de l’euthanasie, autant de thèmes intéressants en médecine.
Lors de la seconde partie du jeu, le personnage va rejoindre Caduceus, un groupe pharmaceutique luttant contre des bioterroristes utilisant des parasites pour leurs sombres desseins. J’ai trouvé que cette seconde partie du jeu perdait un peu en intérêt au niveau de l’histoire mais cela permet d’introduire de nouveaux ennemis. De la même façon, le personnage va développer le Don de guérir, bien pratique puisqu’il lui permet de ralentir le temps durant les opérations. Cette capacité surnaturelle n’est pas sans rappeler les Verrous psyché et la grande place du mysticisme dans Ace Attorney, la fin du jeu est par ailleurs riche en références bibliques.
Le ton est plutôt sérieux dans le jeu, bien sûr on a aussi de l’humour, très utile pour détendre l’atmosphère qui est parfois très pesante mais on n’a pas les personnages très caricaturaux et l’humour très décalé d’un Ace Attorney.

La chose la plus importante dans un visual novel pour donner des émotions est sûrement la musique. Le jeu est malheureusement pauvre en contenu et des musiques il y en a peu, de la même façon le jeu comporte peu de sprites pour exprimer les émotions des personnages et les CG sont rarissimes (il y en a 2 dans tout le jeu si je me rappelle bien).
MAIS les musiques qui sont proposées sont très bonnes. D’abord nous avons le thème « Routine« , qui porte bien son nom puisqu’il rythme le quotidien des personnages, il arrive vraiment bien à transmettre une bonne humeur légère teintée d’une certaine tension et de mélancolie. Ensuite nous avons « The Cutting Edge of Medicine« , jolie musique au piano rajoutant plus de rythme et de gravité aux situations. « Consequences » servant aux moments de purs pathos. « Patient Profile« , très bonne musique donnant toute la tension et la gravité nécessaire avant de commencer les opérations. Si Ace Attorney arrive à nous insuffler un grand sentiment de justice et donc une véritable envie de sauver des vies, il en est de même pour Trauma Center à un niveau plus immédiat.
Les musiques des opérations sont moins remarquables même si dans le ton. Je citerais tout de même « Gangliated Utrophin Immuno Latency Toxin » (ou G.U.I.L.T.), la première scène où elle joue étant par ailleurs très bonne. Et bien sûr, je suis obligé de citer « Judgement Day« , le thème du boss final qui est un vrai boss final de jeu vidéo, très dur (quasi-impossible si on n’a pas la bonne technique), complexe et possédant un thème épique à sa hauteur.

L’histoire n’arrive donc malheureusement pas à la cheville d’un Ace Attorney, peut-être à cause du fait que la narration ne soit présente que durant la moitié du jeu (même si des dialogues sont présents durant les opérations) ou qu’Ace Attorney puisse bénéficier de beaucoup de retournements de situation dû à sa nature d’histoire policière et qu’il soit plus riche tout simplement. Cependant qu’on ne s’y trompe pas, l’histoire est très bonne et très bien écrite et demeure l’un des points forts du jeu.


Première image : « Objection ! »… Euh, « Commençons l’opération ! »

Même si les dialogues peuvent être passés avec les boutons, les opérations se jouent intégralement avec le stylet.
Vous aurez alors différents outils qui vous seront proposés sur les côtés de l’écran pour parvenir à vos fins : le scalpel servant à couper des choses, le désinfectant à utiliser quasi systématiquement avant de faire quoi que ce soit, la seringue servant à injecter différents produits notamment de l’adrénaline faisant remonter la vie du patient, le laser servant par exemple à brûler des polypes, la pince pouvant servir à extraire des tumeurs, le fil pour recoudre le patient, etc.
Durant les opérations, vous devrez faire attention au temps mais aussi à la vie du patient qui file comme un baril percé et qui décroît un peu plus à chacune de vos erreurs. Les opérations sont très variées, vous demandent par exemple de retirer des tumeurs, de brûler des polypes, de traiter des anévrismes ou un œdème des poumons, de changer une valve artificielle du cœur, etc.
Certaines sont très originales, figurant des éléments ressemblant aux Tétrominos de Tetris ou vous demandent carrément de désamorcer une bombe ! L’inclusion de la TAC qui sont des parasites propres au jeu, permet d’avoir des ennemis aux patterns très originaux. Le seul reproche que je ferais à la progression c’est de faire des melting pots d’opérations déjà faites à la fin du jeu.

Chacune de vos actions vous octroiera une note. Par exemple, ouvrir le patient avec le scalpel vous donnera un « Mauvais » mais si vous pensez à utiliser le désinfectant avant de l’ouvrir votre note sera un « Super ». De la même façon, la manière dont vous recoudrez le patient vous donnera une note différente en fonction de la qualité de votre travail.
À la fin d’une opération, un rang vous est donné en fonction du temps que vous avez mis, de la vie perdue par le patient et des notes que vous avez eu pour chacune de vos actions. Ce rang va de C à S et obtenir le rang S est extrêmement difficile, heureusement vous pouvez refaire toutes les missions via le menu principal.
En fait, le jeu principal est déjà vraiment dur, il vous faudra parfois des tas d’essais pour passer une mission. Si les opérations de chirurgie s’éloignent beaucoup de la réalité, elles en respectent les principes fondamentaux qui sont d’être précis et rapide, vous devrez les suivre à la lettre si vous voulez que vos patients survivent dans le jeu. Je pense qu’une partie de la difficulté du jeu vient du fait d’utiliser le stylet pour lequel on n’a pas autant de skill que pour les boutons et c’est justement un très bon jeu pour utiliser de façon intense le stylet. De la même manière que Super Monkey Ball ou qu’un Baionetta, c’est vraiment un jeu qui vise les hardcore gamers qui pourront passer des heures à se perfectionner pour atteindre les notes maximales dans chaque mission.

Trauma Center dispose d’une très bonne histoire qui, si elle n’est pas à la hauteur d’Ace Attorney, est vraiment dans les standards des nombreux visual novels et jeux d’aventure qui ont fait le succès de la console. Mais le plus important est sûrement le gameplay, très arcade, tirant au maximum parti du stylet et les missions qui sont très originales. La difficulté est vraiment élevée ce qui sera un vrai régal pour les amateurs de challenge mais qui pourra mettre à distance les casuals clients des jeux d’aventure de la console. J’ai beaucoup comparé le jeu à Ace Attorney parce qu’il possède un tas d’influences de la licence de Capcom mais Trauma Center reste extrêmement différent soyez rassurés.
Le jeu possède un remake Wii sous-titré Second Opinion et par la suite plusieurs épisodes sortiront en alternance sur DS et sur Wii ce qui est vraiment bien pour tirer parti du stylet et de la Wiimote.

Développeur : Atlus
Date de sortie : 2005