Touhou 7 Perfect Cherry Blossom [PC]

Après avoir brillamment porté la série sur PC avec Touhou 6 the Embodiment of Scarlet Devil, ZUN nous propose un septième épisode pour sa série de Danmaku oriental. La série est-elle sur une bonne pente ?

Le mois de mai est arrivé à Gensokio mais l’hiver ne s’est toujours pas terminé. Regrettant le printemps et les cerisiers en fleur, Reimu, Marisa et Sakuya (commandée par sa maîtresse) vont tenter de trouver la cause de ce dérèglement saisonnier.
Suivant les pétales de cerisier en fleur tombant du ciel, le joueur traversera le paradis, la porte de l’autre monde puis atteindra l’enfer où il découvrira que le printemps est aspiré par un gigantesque cerisier youkai : le Saigyou Ayakashi, les résidents voulant eux aussi avoir un printemps. L’histoire est inspirée du mythe de Perséphone.

Niveau personnage culte, cet épisode fait apparaître : Alice, une magicienne combattant avec ses poupées qui nous revient tout droit des épisodes PC-98; les soeurs Prismeriver, un trio combattant avec le pouvoir de la musique; Youmu, un demi-fantôme combattant avec deux sabres ; Yuyuko, la princesse fantôme du royaume des morts, ayant le pouvoir de manipuler les âmes des mortels et enfin, Yukari, le youkai pouvant manipuler les frontières, elle et toute sa clique bestiale, apparaissant dans les modes Extra et Phantasm.

La modélisation 3D a été améliorée, à tel point qu’on n’a pas besoin de pack de texture cette fois.
Artistiquement, c’est réussi. J’ai particulièrement aimé la réalisation abstraite des arbres dans les deux premiers niveaux, le fond servant à illustrer le Saigyou Ayakashi lors de l’affrontement final ou la multitude de petits effets comme les feuilles et flocons de neige tombant dans les niveaux 3 et 4.
Chaque niveau dispose d’une petite introduction in game où un cours texte et une image apparaissent, c’est un détail mais cela renforce beaucoup l’immersion, le background du jeu et la poésie qui s’en dégage.
L’accent a été mis sur la mise en scène musicale, en conséquence la musique se coupe lorsque le joueur met pause. Trois exemples : lorsque Alice apparaît pour la deuxième fois en tant que mid boss dans le stage 3, la musique se fait plus rythmée et un simili saxo se fait entendre (même chose pour Youmu dans le stage 5); autre exemple qui n’aura échappé à personne, à la fin du stage 4, après que le joueur ait traversé le ciel depuis une éternité, la musique se coupe à son climax, un travelling rapide de la caméra fait apparaître la porte de Reisyouden, une douce musique se fait alors entendre pour faire profiter le joueur de sa découverte quelques secondes avant que le dialogue de boss ne s’affiche, très beau à voir; au début du sixième stage, la partie commence avec un écran noir et l’intro du niveau, l’environnement rempli de cerisiers en fleur apparaît alors, accompagné d’une musique très rythmée.

Les musiques sont toujours d’excellentes factures comme pour chaque épisode de la série, elles se veulent ici plus belles et grandioses.
Quelques exemples des bonnes compos que compte le jeu : The Fantastic Legend of Tohno, le mémorable thème illustrant le sublime stage 2; Diao ye zong (Withered Leaf), sympathique musique du deuxième boss; The Doll Maker of Bucuresti, là aussi un très beau thème, se faisant plus énergique au moment de l’affrontement contre Alice; The capital city of flowers in the sky, d’abord calme et apaisant, le thème devient un peu plus rythmé lorsque le niveau commence vraiment, il ne perd rien de son incroyable beauté malgré tout; Phantom Ensemble, le thème des soeurs Prismerivers, j’y reviendrais; Hiroari Shoots a Strange Bird ~ Till When ?, le thème de Youmu, TRES inspiré des anciens boss thème, il n’en reste pas moins agréable ; Charming Domination, le captivant et très rythmé thème du mode Extra ; Necrofantasia, le thème du boss ultime Yukari, l’utilisation inhabituelle de notes très synthé rendent cette musique très appréciable.

Et quand est-il des affrontements ? Je dois d’abord parler du combat contre les soeurs Prismerivers. En fonction du personnage que vous prendrez vous affronterez l’une des trois soeurs, cependant la soeur affrontée fera appel à ses frangines lors de certaines Spell Cards (ce qui est très proche de ce que faisait Patchouli dans le dernier jeu). Les Spell Cards à plusieurs et le fait qu’elles se servent de la musique pour combattre donnent lieu à des patterns très originaux. De plus, elles combattent en jouant de leurs instruments puisque leur thème : Phantom Ensemble est composé de piano, violon et trompette, au climax de la musique elles jouent toutes ensemble. Un autre combat très original est celui contre Youmu, qui utilise ses épées pour créer ses attaques et ralentie le temps quelques secondes à certains moments de ses attaques ultra-rapides pour vous permettre d’esquiver (et même comme ça, c’est dur !). Enfin, on trouve Yuyuko, qui possède, pour mon plus grand plaisir, une seconde forme, celle-ci est centrée sur l’endurance.

Comme Touhou 5, le jeu marque un large fossé avec les anciens épisodes dans le sens où si le joueur joue uniquement pour la survie, le fait de scorer ne lui sert plus à rien. En effet, les vies supplémentaires ne se gagnent plus avec le score mais au bout d’un certain nombre de bonus de points obtenus. Le fait de récupérer les bonus de points les plus haut possible, ne sert dès lors plus à rien et le fait d’atteindre le premier tiers de l’écran est beaucoup moins utile, le level design ne vous donnant, de toute façon, pas beaucoup d’occasions de la franchir.

Et pourtant, Perfect Cherry Blossom est très porté sur le score. Lorsque le joueur tire sur des ennemis ou récolte des cherry points, il augmente son score cherry, lorsqu’il utilise une bombe ou il meurt, son score cherry décroît, le score cherry ayant une forte influence sur le nombre de points récoltés, un peu comme un multiplicateur.
Le joueur dispose aussi d’un score cherry +, celui-ci ne peut pas décroître. Lorsque le joueur atteint les 50 000 points cherry +, le score cherry + retourne à zéro et le joueur dispose de la Supernatural Border durant un certain temps. Si le joueur essaye d’utiliser une bombe ou se fait toucher lorsqu’il possède la Supernatural Border, cette dernière est perdue et tous les projectiles à l’écran sont effacés. Dans le cas contraire et si le délai d’apparition de la Supernatural Border est écoulé, le joueur reçoit un bonus de points proportionnel à sa performance. En plus de ça, la border attire tous les bonus vers le joueur.
Cette nouvelle mécanique de gameplay est donc très utile, autant pour la récolte de bonus dans les niveaux, que pour la survie durant les affrontements contre les boss car ayant la même propriété défensive que les bombes. Malheureusement, l’apparition de la Supernatural Border est très aléatoire et donc peu maîtrisable.

Sakuya rejoignant les personnages jouables, il existe désormais 6 types de personnages différents. La petite servante, se veut plus rapide que Reimu mais plus lente que Marisa, son type A est centré sur l’auto-aim et devrait plaire aux novices, son type B est très particulier car la direction dans laquelle le personnage tire est influencée par la direction dans laquelle elle se déplace.
Les personnages sont plus différents que jamais, en effet chacun possède un nombre de bombes différent, des pénalités pour le Cherry Score plus ou moins élevées et des capacités spéciales uniques. Par ex., les capacités spéciales de Reimu sont : plus petites hitbox et plus longues Border Between Life and Death.

Il existe désormais deux types de bombe pour chaque variante de personnages, l’une ou l’autre étant déclenchée en fonction du maintien ou non de la touche de focus. Les deux types de bombes possèdent des propriétés différentes, par ex. la unfocused bomb de Sakuya A consiste en un lancer de couteaux tout autour du personnage alors que sa focused bomb consiste en un lancer de couteaux ciblant tous les ennemis à l’écran. Le joueur sera amené à utiliser l’une ou l’autre des bombes en fonction de la situation et du personnage, ce qui n’est pas forcément évident au départ puisque l’utilisation des bombes est souvent l’oeuvre des réflexes.

Il est aussi possible de connaître le nombre de fois qu’une Spell Cards a été capturée (réussi sans mourir et sans utiliser de bombes) au début de leur activation. C’est très pratique pour évaluer la difficulté d’une Spell Card et se préparer à utiliser une bombe au cas où.
Et concernant les nouveautés mineures qui ont leur importance : la hitbox apparaît dès lors que le joueur se met en focus, ce qui est très pratique; une barre apparaît en bas de l’écran pour symboliser la position de l’ennemi, ce qui évite de lever les yeux; le joueur dispose du maximum de vie lors des entraînements; les replays sont un peu mieux faits, ils peuvent être pris lors des entraînements et disposent d’options intéressantes comme le fait de pouvoir passer le niveau pour regarder uniquement l’affrontement contre le boss ou de ralentir le jeu lorsque trop de projectiles sont à l’écran, on attend toujours le fait de pouvoir reculer et avancer rapidement malgré tout.

Si Touhou 6 était dur, Touhou 7 revient dans la norme côté difficulté. Il m’a fallu peu d’essais pour One Credit le jeu en normal, bien que, pour une raison qui m’échappe, j’ai trouvé la tâche plus difficile à accomplir pour certains personnages et certaines variantes (peut-être la durée plus longue du jeu y est pour quelque chose). À noter qu’une fois que le joueur termine le mode Extra, il débloque le mode Phantasm, qui est une variante du mode Extra, plus difficile, plus rapide, disposant de patterns un peu plus élaborés et de nouveaux patterns.

Grâce à sa réalisation artistique, aux introductions de ses niveaux, à sa mise en scène musicale prononcée et à ses musiques enchanteresses, Touhou 7 Perfect Cherry Blossom est l’épisode de la série le plus beau et le plus poétique. La qualité des textures a été revue à la hausse pour un résultat très correct. Le jeu marque une séparation avec les autres opus de la série puisque le scoring et la survie ont été séparés, le fait de faire du grazze ou de capturer les Spell Cards ennemis n’auront plus importance pour des personnes comme moi qui veulent seulement 1CC le jeu ou le faire en Lunatic. Bien qu’assez aléatoire, le système de cherry point à récolter et la Supernatural Border viennent agréablement diversifier le gameplay. N’oublions pas toutes les petites nouveautés de gameplay comme le plus grand nombre de différence entre les personnages, l’apparition de la hitbox ou les deux types de bombes par variantes de personnages.
Malgré l’histoire de score, Touhou 7 ne dispose que de bonnes notes, espérons que la série continue sur cette lancée.

Développeur : Team Shanghai Alice
Date de sortie : 2003