Child of Eden [XBOX 360]

En 2001, le jeu Rez avait marqué les esprits par son utilisation de la synesthésie. La synesthésie kézako ? Il s’agit, de l’association de plusieurs sens. A la base une maladie reposant sur des troubles neurologiques qui fait associer des lettres à des couleurs ou des couleurs à des sons selon la nature des maux, la synesthésie est aussi utilisé en art pour tenter de reproduire les sensations chez des non-synesthètes. Ce shooter sur rail légèrement OVNI utilisait les sons, images et vibrations de la manette en corrélation avec ce que faisait le joueur pour lui donner de vives émotions tout au long du jeu. Autant glorifié par les personnes sensibles à l’expérience que détesté par les autres, Rez aura marqué la sphère vidéoludique et il n’est donc pas étonnant de voir son créateur Tetsuya Mizuguchi lui offrir une suite exploitant les possibilités des nouveaux capteurs de mouvement mis en vente sur le marché

Le 11 septembre 2019 à bord de la station spatiale internationale naquit Lumi, le premier être humain née dans l’espace. Durant toute sa vie Lumi rêve de visiter la terre et compose des musiques, exprimant ce qu’elle ressent, qui parviennent jusqu’à la planète bleue. A la fin de sa vie, son corps est préservé et sa mémoire enregistré puis archivé.
L’humanité progresse dans les voyages spatiaux et internet deviens un grand réseau inter-spatial désormais appelé Eden. Eden contient alors toute l’histoire de l’humanité et son savoir.
Bien plus tard, lors du 23ème siècle, des scientifiques tentent de transférer l’esprit de Lumi au sein d’Eden, l’opération étant appelé projet Lumi. Alors que sa renaissance virtuelle a lieu, Lumi est attaqué par un virus informatique inconnu et est prise au piège par celui-ci


Sauvez Eden. Sauvez Lumi.

L’histoire de Child of Eden est un prolongement de celle de Rez, dans laquelle le joueur devait sauver une intelligence artificielle du nom d’Eden. Mais elle prend aussi pour base l’histoire du groupe virtuel Genki Rocket crée par Mizuguchi bien avant Child of Eden.
Cette histoire est parfaite dans le sens où elle arrive à rendre cohérent tout le trip visuel du jeu. Cet univers virtuel et onirique à la fois est généré par les connaissances inimaginables d’Eden et structuré par l’idéalisation extrême de Lumi du monde extérieur. Le scénario de Child of Eden est un peu à voir comme le contexte d’une oeuvre d’art et non à juger en tant que tel

La maniabilité au capteur Kinect est forte en symbolique. Pour jouer le joueur doit tendre la main droite vers l’écran, sa main remplaçant le viseur. C’est un peu comme s’il avait une emprise totale sur ce qui se passe ou comme s’il cherchait à atteindre l’autre coté. Via le viseur, le joueur verrouille les cibles, pour lâcher ses projectiles il doit projeter rapidement sa main en avant, ce qui est vraiment une bonne idée et à le mérite de rendre le jeu encore plus dynamique. Si le maximum de 8 cibles est atteint, un effet visuel et sonore en accord avec la position du joueur dans le jeu est libéré et le multiplicateur de score est incrémenté, mieux vaut donc attendre un peu pour effectuer cette action

Pour changer de tir, le joueur doit mettre le bras droit le long du corps puis utiliser son bras gauche, le changement se faisant très simplement. Cette seconde « arme » maintient un tir continu et, la plupart du temps, produit un son de batterie avec des images s’incrustants rapidement en fond lorsqu’elle est utilisée. Elle fonctionne aussi sur tous les éléments traditionnels du jeu mais son utilisation est à proscrire car en général moins efficace que sa consœur et n’apportant pas de bonus de points. Elle est surtout utilisée pour détruire les projectiles ennemis, de couleur violets, qui ne peuvent être détruits qu’avec elle, à contrario les éléments rouges ne sont sensibles qu’à la première « arme ».
Enfin l’utilisation de l’Euphoria permet de détruire tous les éléments présents dans la zone, celle-ci s’active en levant les deux bras rapidement. Anecdotiquement il est aussi possible de changer d’arme en tapant dans les mains (lorsque l’option permettant de jouer avec une main est activée), bien que je n’en ai pas vu l’utilité. Voilà, le joueur peut aussi faire bouger la caméra en déplaçant le viseur sur les bords de l’écran, je pense qu’on a fait le tour

Avec la manette, la maniabilité se rapproche beaucoup de celle de Rez, le petit plus dans cette configuration ce sont les vibrations qui rajoutent un peu à l’expérience (si vous les activez puisque celles-ci sont mystérieusement désactivées par défaut).
Alors que choisir entre Kinect et le pad ? Il est difficile de répondre à cette question, d’un coté Kinect fonctionne plutôt bien et se démarque singulièrement de la façon de jouer de Rez, d’un autre la manette est bien plus précise et permet peut-être d’apprécier un poil plus l’expérience. Je reviendrais sur la difficulté, mais sachez que le jeu est faisable en Normal avec Kinect par contre la manette deviens vite nécessaire en mode Difficile.
Etant donné que le jeu est très court et que chacun des gameplay apporte une vision différente du jeu j’aurais tendance à dire qu’il faut se faire le jeu une première fois avec Kinect puis d’utiliser ensuite le pad


Image gauche : Le niveau « Beauté » porte bien son nom.
Image droite : La scène d’introduction du 3ème boss est un des innombrables moments du jeu vous donnant des frissons avant de vous faire lâcher, la larme à l’œil, un « putain c’est beau ».

Le monde de Child of Eden est corrompu, il ne tient qu’au joueur de le purifier. Chacune de ses actions fera vivre un plus vivre ce monde et l’influence des rêveries de Lumi le rendra chaque fois plus beau, c’est un déluge de couleurs psychédéliques, effets visuels et sonores et finalement d’émotions qui animeront les créations toutes plus inspirées les unes que les autres d’Eden. Les différents niveaux (Matrice, Beauté, Passion…) sont tous affublés d’une thématique différente et, même s’ils sont peu nombreux, s’attache du mieux possible à suivre ces thèmes simples à travers des univers colorés, barrés, cosmologiques, mécaniques, organiques, marins ou que sais-je encore… Chacun d’eux étant travaillé dans les moindres détails. On ne peut oublier de citer la mise en scène parfaite et dynamique en grosse partie dû à l’utilisation d’un rail pour la progression du jeu. Enfin, l’actrice qui incarne Lumi, dans des séquences filmées apparaissant parfois sur des éléments du jeu, se charge de donner de la vigueur au joueur quant au rappel de sa présence dans Eden mais aussi de magnifier encore ses yeux et ses oreilles par la poésie que sa gestuelle, ses chants et sa beauté apportent


Image gauche : Heavenly Star, la musique qui sert de base au jeu.
Image droite : Une fois un bonus ramassé, une image couvre fugitivement l’écran.

Vous l’aurez compris en plus d’être une des meilleures expériences interactives, Child of Eden est aussi un des jeux les plus beaux et inspirés artistiquement qu’on ait pu voir sur cette génération de console, Q Entertainment aura enfin pu utiliser tout son potentiel artistique sur cette génération de console.
Les musiques utilisées sont celles du groupe Genki Rocket que l’on avait pu déjà entendre dans d’autres jeux des développeurs, l’incroyable énergie qu’elles dégagent sont utilisées au mieux lors de remix et une fois découpés et mêlés à de nombreux effets sonores provoqués par le joueur, elles sont quasi-méconnaissables


Le niveau « Passion » a pour thématique la conception, le développement et le progrès humain.

Le jeu propose un véritable challenge qu’adoptent la plupart de ses cousins shoot’em up. En mode Normal et avec Kinect, le joueur doit recommencer plusieurs fois certains niveaux avant de les compléter. La difficulté provient la plupart du temps d’une mauvaise compréhension du joueur quant à la sensibilité des ennemis face à tel ou tel tir, il suffit donc la plupart du temps de comprendre comment les niveaux fonctionnent et non de les connaitre par coeur ou d’améliorer ses réflexes. Pour ceux voulant juste profiter de l’expérience qu’apporte Child of Eden, il existe le mode Parfum d’Eden qui permet au joueur de traverser les niveaux en étant invincible.
Mais pour les plus avides de challenge sachez que le mode difficile et le niveau défi (qui vous propose de survivre le long de dix niveaux crées pour l’occasion) répondront clairement à vos attentes en plus de prolonger encore un peu le jeu

Car celui-ci est court, moins de 5 heures pour le terminer en mode Normal. C’est peu mais n’est ce pas mieux d’avoir un jeu se concentrant sur 5 heures intenses plutôt qu’un s’étalant sur 25 pas terribles ? Chacun se fera sa propre opinion selon ce qu’il recherche dans un jeu vidéo, plutôt du divertissement ou plutôt des sensations.
Néanmoins les différents bonus, modes, manière de jouer, les succès à débloquer et la quête du scoring avec une leaderboard en ligne si vous disposez d’une connexion internet, sont des fonctions qui apportent pas mal à la rejouabilité et qui permettent de prolonger un peu plus l’expérience

Un peu moins bon que Rez en son temps, Child of Eden n’en demeure pas moins l’oeuvre d’art interactive la plus intense qu’on ait pu voir avec son confrère. Le jeu fait surement partit des plus inspirés artistiquement qu’on ait pu voir et surclasse bien son aîné sur ce point, avis aux amateurs de beautés graphique ! Le challenge est aussi extrêmement présent et saura contenté les gamers les plus avides de ce dernier. Mais tous ceux voulant juste avoir un avant-gout de l’expérience incroyable proposée par le jeu ne seront pas oubliés, car ils pourront le parcourir librement grâce au mode Parfum d’Eden. Kinect est vraiment bien utilisé et apporte un véritable plus au jeu, c’est surement un des meilleurs jeu Kinect existant sur ce point. Enfin, si le challenge ne vous dit rien, le jeu tourne très vite court. Child of Eden est intense, mémorable, propose une expérience unique, mais il est court, c’est surement là son seul défaut.

Branchez Kinect, poussez votre canapé, haussez le son de votre téléviseur par trois fois, ouvrez vos sens et laissez-vous happer dans Child of Eden.

Faites l’expérience de la synesthésie.

Développeur : Q Entertainment
Date de sortie : 2011
Article publié originellement sur Gamekult le 14/09/2013