Professeur Layton et le Masque des miracles [3DS]

Après 4 jeux sur Nintendo DS et un film, les aventures du Professeur Layton investissent la nouvelle portable 3D de Nintendo. Au Japon, elles figureront au line-up de la console puis arriveront presque deux ans plus tard, par miracle, sur le vieux continent. Le changement de support leur a-t-elles réussi ?

Une fois n’est pas coutume, je ne traiterai ici que des nouveautés apportées par ce nouvel épisode en omettant tout ce qui a déjà été fait et tout ce dont j’aurai déjà parlé. Si vous voulez lire une analyse détaillée de la série, je vous renvoie à mon premier article réalisé sur un jeu Professeur Layton.

Alors que le professeur Layton se remet de ses aventures passée à Misthallery et Ambrosia, son assistante lui remet une lettre. Le joueur assidu l’aura reconnu, il ne s’agit pas de son relevé de compte ou de sa facture EDF, mais le signe d’une nouvelle aventure pour le professeur en archéologie. Cette fois, la lettre est envoyée par Marisa Dumont, une amie d’enfance de Layton. À Dorémont, cité prospère bâtie au milieu du désert, le carnaval bat son plein, jusqu’à ce qu’un individu masqué ne perturbe l’ambiance festive. Affublé du masque du Chaos, le Maître du Masque comme il aime à s’appeler, accomplit toutes sortes de néfastes prodiges, son dernier en date étant la transformation de personnes en pierre durant un défilé de chars. Démasquer le fauteur de troubles ainsi que faire face aux démons du passé seront les principales tâches du professeur durant son périple.

À chaque nouveau chapitre, le joueur se verra contrôler le professeur à une époque différente.

Dans le présent, à Dorémont, le professeur suivra les prodiges du Maître du Masque et tentera de trouver une explication rationnelle à chacun d’eux, ce qui tirera parti du joueur lors de séquences de quiz analogues à celles instaurées par le quatrième épisode.

Ce sont principalement durant ces parties de l’aventure, qui sont les plus longues, que le jeu dévoile ses problèmes de rythme. Le schéma classique de progression sera de retraverser les mêmes écrans qui seront peuplés des mêmes personnages proposant chacun une nouvelle énigme qu’il vous faudra résoudre pour progresser dans l’aventure. Bref, ce Layton nous donne l’impression de toujours faire la même chose.

Dans le passé, à Stansburry, petite ville campagnarde située près de l’actuel Dorémont et disposant d’une réalisation artistique magnifique. Le joueur suivra la jeunesse étudiante du professeur ainsi que la découverte du masque du chaos par son ami Randall Ascott, personnage intrépide et ayant le goût de l’aventure sur lequel tourne l’histoire. Si le joueur devra subir l’amour très fleur bleue de Randall et de la jeune Marisa, il sera amusé de progresser avec un Layton ayant troqué sont haut-de-forme contre une coupe afro et n’étant pas encore passionné par l’archéologie et les énigmes.

Malgré la redondance propre au jeu, évoquée plus tôt, les développeurs ont fait un effort sur la dernière partie du jeu.

Cet effort se traduit d’abord par un changement de gameplay total lors de l’exploration des ruines d’Akavadon. Ces ruines constituent un énorme niveau que le joueur devra traverser en vue du dessus à la manière d’un Zelda et constitué d’énigmes dynamiques n’étant pas comptabilisées dans les 150 énigmes que compte le jeu.

Cet épisode marque aussi une véritable continuité dans la série qui fait plaisir, en faisant de la découverte du jardin d’or et de la cité d’Ambrosia (apparaissant respectivement dans L’Appel du Spectre et la Diva éternelle) un point clé de l’histoire, mais aussi en préparant le terrain pour le prochain épisode.

Enfin, la fin dispose d’une très bonne mise en scène bien qu’elle soit incroyablement légère en terme de rebondissements et d’émotions comparé aux autres opus.

Mais parlons plus en détail de cette fin. Je mets un spoiler pour ceux qui pourraient prendre peur à la lecture de ces mots, mais sachez que je ne spoile rien.

Spoiler

Pour le changement de support ce nouvel opus a bénéficié à la fois de l’apport de la 3D stéréoscopique mais aussi d’une modélisation 3D complète des personnages et des décors en cell-shading. Cette dernière est très réussie et on ne peut s’empêcher de la comparer à celle de Ni no Kuni, les personnages gardent cet aspect minimaliste qui avait fait le charme des autres épisodes, ajoutons enfin à ça un cycle jour/nuit vous permettant de traverser tous les décors de deux façons différente. La 3D stéréoscopique est très agréable à l’œil, certains décors comme l’hippodrome ou la maison de Layton (extérieur) comportent un nombre impressionnant de plans.

La réalisation graphique comporte néanmoins quelques défauts comme le faible nombre d’écrans (cause de la redondance inhérente au titre), la présence de ghosts (lors de la résolution d’énigmes), des sprites dont les images 3D sont trop éloignés l’une de l’autre (parc d’attractions) et le fait que la 3D stéréoscopique n’apporte pas grand chose en terme de gameplay, notamment pour les énigmes. Il y aurait sûrement eu matière à faire quelque chose avec cette 3D sans sacrifier la grande accessibilité du titre.

Étant donné que le Masque des miracles était un jeu du line-up de la 3DS au Japon on peut comprendre les nombreux défauts du jeu et notamment ceux d’ordre graphique, la console n’étant pas encore bien maîtrisée par Level 5 à l’époque.

Passage en revue des très bonnes musiques classiques que compte le jeu : on retrouve, comme d’habitude le très bon « Thème de Layton » ; « Le Masque des miracles« , la musique de l’écran titre ; « Norwell« , musique mélancolique portée au violon et au piano par des notes d’une pureté éclatante ; « Course-poursuite » ; « Faites vos jeux » ; « L’hippodrome » ; « Les secrets d’Akavadon« , possédant des influences RPG manifestes ; « Thème de Descole« , réarrangé pour l’occasion et devenant presque épique. Enfin, « Mysterious Flower« , la musique jouant lors des crédits de fin a été composée spécialement par l’artiste japonaise Yumi Matsutoya, le thème, très pop et exotique est joué au saxophone et dénote complètement sur ce qu’on a l’habitude d’entendre dans la série (dans les versions japonaises se rajoute même la voix de l’artiste).

Cet épisode est toujours constitué d’un très bon doublage français ainsi que de cinématiques rendues encore plus belles ici par l’usage de la 3D.

Pour pouvoir profiter du grand écran supérieur de la 3DS les développeurs ont du revoir un peu le gameplay, il ne s’agit plus maintenant de cliquer directement sur le décor mais de guider un curseur défilant sur l’écran supérieur via l’écran inférieur, un système beaucoup plus proche de ce qu’on voit dans les point’n’click traditionnels. Chose innovante et confortable pour un point’n’click et même pour la série : le curseur vire à l’orange et émet une tonalité lorsqu’il rencontre un élément interactif, ce qui empêche le joueur d’avoir à cliquer sur chaque pixel d’un écran (l’une des tares de ce genre de jeux). En outre, le fait de cliquer sur certaines zones vous permettra de les voir plus en détail.

À noter que le jeu figure quelques énigmes portées légèrement sur l’action (Momies en furie) ainsi qu’une ou deux faisant appel au gyroscope de la console (Dédale bancal).

Un nouveau Layton, c’est toujours trois mini-jeux de réflexion sur lesquels le joueur peut venir se détendre quand il en a besoin.

Le premier vous propose de guider un robot sur un damier ponctué d’obstacles et d’ennemis en tout genres jusqu’à une destination donnée, la machine ne pouvant se déplacer que par sauts de 3 cases. Un mini-jeu sympathique doté d’une ambiance très particulière (merci la musique électro), le dernier niveau vous réserve même une surprise.

Le second consiste en la vente de divers produits dans un magasin. Le placement des produits devant se faire en respectant des contraintes de places et d’affinité avec les autres produits (affinité par couleurs et types de produits). Un mini-jeu pas prise de tête d’une grande simplicité.

Enfin, le troisième et le plus complet. Il vous voit vous occuper d’un lapin tout mignon auquel vous pouvez parler, faire exécuter des activités ou cajoler à la manière d’un Nintendogs. Mais le véritable but de ce mini-jeu est de faire apprendre des tours à l’animal en le touchant à certains endroits de son corps poilu en vue de lui faire exécuter des enchaînements de tours lors d’une scène de théâtre muet le mettant en scène. Un mini-jeu original et travaillé qui gagnera l’affection de toutes les petites filles s’y essayant.

Un mini-jeu bonus faisant uniquement intervenir vos réflexes est aussi présent. Galopant sur un cheval, vous devrez récupérer tous les drapeaux disséminés sur un parcours d’obstacles. Le jeu a l’avantage de nous faire avancer dans un niveau entièrement en 3D, cependant le maniement au stylet est complètement foireux et réussir un sans-faute sur les parcours les plus difficiles relève de la gageure (voir du masochisme).

Le jeu est relativement long, 15-20 heures pour en voir le bout, 10 à 15 heures de plus pour en faire le tour correctement. Le jeu comporte tout un tas de défis supplémentaires, augmentant la durée de vie : la recherche des objets et épisodes non trouvés, les énigmes restantes, les mini-jeux à compléter, les « Défis du professeur » (des énigmes vraiment corsées).

À noter que les énigmes hebdomadaires sont devenues, dans cet opus, des énigmes journalières, c’est donc un total de 365 énigmes à télécharger qui sont proposés au joueur. Ces dernières ne sont pas toutes originales, mais constituent des « niveaux de difficulté » pour une vingtaine d’énigmes qui sont, elles, vraiment différentes les unes des autres.

Les bonus restent les mêmes que dans les autres opus : galerie de personnages, CG, Jukebox, possibilité de revoir toutes les cinématiques, etc.

Le Masque des miracles possède une très bonne réalisation graphique et sur ce point on peut dire que le changement de support a été réussi. Il dispose d’un contenu conséquent et une excellente durée de vie grâce notamment aux énigmes journalières mais est plombé par un scénario pas extraordinaire et de gros problèmes de rythme rendant très pénible l’avancée pour le joueur, même si un effort a été fait lors de la dernière partie du jeu avec notamment un changement total de gameplay.

Si le jeu comblera les joueurs ne s’intéressant qu’à la partie réflexion du titre les autres trouveront là un bon jeu d’aventure, mais aussi un Layton tout juste passable. Un bon amuse-gueule avant le prochain épisode.

Développeur : Level 5
Date de sortie : 2012
Article publié originellement sur Gamekult le 28/05/2014