Danganronpa 2 Goodbye Despair [Vita]
Après l’effort, le réconfort. Vous avez vécu une faste vie étudiante dans Danganronpa 1 et il est maintenant temps de faire une sortie scolaire dans une île paradisiaque. Étant donné que Monokuma a été vaincu personne ne vous forcera à étriper tous vos petits camarades, enfin sûrement. Peu importe ce qui m’arrivera, pour l’heure une seule question me travaille : arriverez-je à rendre justice à ce jeu ? Réponse dans cet article.
Vous incarnez Hajime Hinata, un jeune étudiant fraîchement recruté par la Hope’s Peak Academy. Alors en route pour votre premier jour de cours, vous tombez dans les pommes puis vous vous réveillez dans une île paradisiaque entourée par tous vos nouveaux camarades de classe. Apparaît alors Usami, une sorte de petite oursonne en peluche habillée en Magical Girl qui se présente comme étant votre professeur et vous annonce que le voyage scolaire a commencé. Le seul but de cette sortie est d’augmenter au maximum vos relations avec vos camarades en récoltant des cristaux d’amitié, en dehors de ça, profitez du luxe et de la détente que seul un lieu comme celui-ci peut offrir.
Cependant, les vieux loups de mer le savent bien, le calme précède la tempête et alors que joie et bonne humeur semblent avoir investi l’île, des nuages sombres commencent à percer le ciel et un « Puhuhuhu » se fait entendre. Tout joueur assidu l’aura reconnu, Monokuma est de retour, les tueries étudiantes et les tribunaux infernaux sont revenus, le désespoir est de nouveau là.
Seconde image : un visage familier ?
Bon première chose dont il faut que je parle c’est d’Usami, ou plutôt devrais-je dire Monomi puisque c’est le nom qu’on lui force à adopter après s’être fait relooker à contre-coeur par Monokuma. Honnêtement, Danganronpa 2 ne m’attirait pas trop au début, le fait que l’action se passe sur une île tropicale, l’apparence des personnages (j’y reviendrai) et, pour enfoncer le clou, un Monokuma féminin en couche-culotte. Le jeu avait de bonne chance de se planter, mais étonnamment, c’est TRÈS TRÈS loin d’être le cas. Monomi est un personnage très attachant et se complète parfaitement avec Monokuma dans une relation frère/soeur très tordus. Alors que Monomi tentera de garder vainement le contrôle de la situation et de perpétrer des règles devenues ridicules, Monokuma en fera son souffre douleur en lui infligeant des techniques manga (Hokuto Shinken, Météores de Pégase, etc.) et toutes sortes de sévices assez comiques.
Comme pour mon article sur Danganronpa 1, je vous laisse ci-dessous une liste des 16 nouveaux personnages et de leurs titres. À première vue, il semble que le design des personnages soit moins inspiré, peut-être est-ce parce qu’il semble moins extravagant ou qu’on en attend plus après le premier épisode ? Pourtant cette opinion change très rapidement et les personnages se révèlent vite très charismatiques et particulièrement travaillés, encore plus que dans l’épisode précédent. Autre bonne chose, c’est que leurs aptitudes leur sont toutes utiles à un moment de l’histoire, ce qui n’était pas forcément vrai pour Danganronpa 1.
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À l’instar du premier opus, je pourrais vous parler des personnages durant des pages et des pages mais j’ai bien du mal à garder mes articles courts donc je préfère ne pas faire ça. Cependant, il semble impossible pour moi de faire l’impasse sur le personnage de Chiaki qui m’a particulièrement marqué et qui fera plaisir, je pense, à tous passionné de jeu vidéo comme moi (au pire vous lisez si vous en avez envie).
Au travers du personnage de Chiaki et de plein d’autres choses, Danganronpa 2 ne se référence plus seulement au jeu vidéo pour s’affirmer comme en étant un (on connaît la réputation des Visual novels de ce côté-là), il se positionne également comme étant un véritable hommage au jeu vidéo. Les autres personnages véhiculent aussi beaucoup de références aux manga, aux films et à la culture populaire en général (on retrouve un peu l’esprit Tarantino).
Durant ma traversée du jeu, je dois avouer être resté sceptique. À la fin d’une seconde affaire particulièrement géniale, je me suis dit que ce serait comme le premier opus et que le scénar allait retomber comme un soufflet. En fait, l’affaire 3 est tout aussi géniale… Pareil, pour l’affaire 4 est ainsi de suite… Les problèmes de rythme n’ont pas seulement été corrigés, c’est qu’ils n’existent plus du tout. Oui, les scénaristes l’ont fait, ils ont réussi le tour de force de créer une histoire s’étalant sur une trentaine à une quarantaine d’heures de jeu durant laquelle on ne décroche pas un seul instant et qui arrive à se renouveler sans cesse pour répondre à nos attentes devenant de plus en plus exigeantes. Le final ne déçoit à aucun moment et met sur le cul. Les thématiques chères à la série sont encore une fois exploitées et bien traitées comme la gestion des relations au sein d’un groupe, l’existence de vie artificielle ou la fameuse lutte de l’espoir contre le désespoir. Cette dernière est encore mieux exploitée, le joueur sera parfois soumis à des situations sans issue dont l’espoir sera la seule façon d’avancer.
Sans en changer les bases, le gameplay a été revue et s’est perfectionné.
Dorénavant, certaines parties des textes apparaissant durant le Non-Stop Debate seront de couleurs bleues. Contrairement aux morceaux de textes jaunes, ces parties serviront à appuyer un témoignage plutôt qu’à le contredire. Ça n’a l’air de rien comme ça mais ça a vraiment un impact sur les décisions, on ne peut pas présenter une preuve contredisant un témoignage pour lequel on doit consentir.
Le Hangman’s gambit était une phase de jeu assez banale dans l’épisode précédent, elle a été ici totalement refaite pour laisser place à un véritable mini-puzzle game. Le principe est le même : il faudra toujours récolter des pièces pour former petit à petit un mot à deviner mais ça ne se joue pas du tout pareil. Les pièces se mettront à traverser l’écran dans toutes les directions, si l’une d’elles touche une lettre différente, les deux pièces exploseront et feront perdre des points de vie, si l’une d’elle touche une lettre semblable, les deux lettres fusionnent, s’arrêtent là où elles se sont rencontrées et grossissent à chaque fois qu’une lettre semblable les percute. Le joueur peut stocker une lettre et essayer de rajouter les lettres fusionnées au mot à deviner, il peut également faire exploser ces dernières.
Le Bullet Time Battle s’appelle maintenant le Panic Talk Action, il consiste toujours en un mini-jeu de rythme où vous devez raisonner un adversaire qui a perdu l’esprit, la nouveauté c’est qu’en fin de mini-jeu vous devez reconstruire votre argument à l’aide de bouts de mot avant de pouvoir le tirer sur votre adversaire ce qui est assez bien pensé.
Deux nouvelles phases ont également étés rajoutées.
Au cours de vos argumentations, il arrivera parfois qu’une personne doute de vous et vous contredise d’un coup sans que personne ne la voit venir, le jeu entrera alors en Rebuttal Showdown.
Durant ces phases, l’interlocuteur « ennemi » vous noiera sous un flot de textes traversant l’écran de toutes parts, si vous ne voulez pas que le débat reste au point mort, il faudra suivre la conversation et défendre votre point de vue, ce qui se traduira par la possibilité de pouvoir trancher tout ce qui se trouve à l’écran dans 8 directions différentes. En développant l’argumentation de votre adversaire, vous trouverez des failles qu’il vous faudra démolir en présentant la preuve recevable.
Le Rebuttal Showdown s’ancre parfaitement dans le jeu et donne un réalisme accru aux procès.
Enfin, certaines questions nécessiteront de se creuser vraiment les méninges pour trouver leurs réponses, intervient alors une plongée dans les synapses du cerveau à travers le très étrange Logic Dive.
Il y a de quoi rester sceptique devant ces phases, le Logic Dive est une sorte de mini-jeu de course et de plateforme ou le joueur incarne un snowboarder glissant le long d’un tube dans un monde virtuel. Durant le parcours, le joueur rencontrera nombre d’obstacles qu’il pourra éviter en sautant et en augmentant ou ralentissant la vitesse de sa course. À différents endroits de la descente, trois longs chemins colorés seront proposés au joueur, deux menant à la mort, il faudra alors choisir la bonne réponse à un quiz apparaissant à l’écran et emprunter le chemin associé à la couleur de la réponse correspondante.
C’est vrai que ces phases de jeu sont bien différentes des autres, mais… J’ai trouvé que ces « pauses actions » étaient assez agréables et que le concept des routes à emprunter en choisissant les bonnes réponses était original et demandait des réflexions rapides, faisant presque intervenir l’instinct.
Dans le 1, le déblocage des skills était compliqué puisqu’il fallait faire tous les rendez-vous d’un personnage pour gagner un skill, il était facile de commencer à sortir avec un personnage pour qu’il se fasse tuer durant le chapitre et qu’on doive tout recommencer avec un autre. Dans le 2, cela a été grandement amélioré puisqu’on gagne des skills au fur et à mesure qu’on sort avec un personnage. C’est peut-être lié à ça mais j’ai trouvé que la difficulté a été mieux réglée également.
Le jeu se démarque par sa grande richesse, il y a du coup pas mal de mini-jeux et de trucs à faire.
L’île où se trouvent les personnages est en fait un archipel où chaque île est reliée à l’île centrale par un pont. Le problème c’est que Monokuma a placé un robot géant (Monobeast) devant chaque pont, heureusement à chaque début de nouveau chapitre, Monomi se débarrasse d’un des robots ce qui débloque l’accès à une nouvelle zone (c’est exactement le même principe que dans Danganronpa 1 en fait). Et ce qui est génial c’est que le mini-jeu Magical Girl Miracle ★ Monomi retrace le combat de Monomi contre les robots, on débloque un nouveau niveau à chaque fin de chapitre ce qui permet de faire une « pause action » à chaque fois. Il s’agit d’un beat’em up en 3D assez fun où vous devez courir autour des ennemis pour invoquer des attaques magiques et pour les tuer.
Il existe aussi des Monokumas à trouver dans les décors du jeu qui sont à collectionner, chacun vous donnant des Monocoins. Enfin, vous avez également une sorte de Tamagochi où il faut faire évoluer des bestioles en s’occupant bien d’eux (ça rappelle beaucoup les jeux Digimon) ce qui vous permet de débloquer certaines récompenses.
À noter qu’il existe aussi des mini-jeux jouables uniquement à certains moments du jeu comme ceux référençant les Twilight Syndrome, des anciens jeux du studio (créées par Suda 51 !).
Lorsque vous terminez le jeu, vous débloquez deux modes bonus.
Le premier se nomme Danganronpa Zero, il s’agit d’un VN sans sprite d’une durée d’une heure ou deux et qui reprend le scénario du 1 mais dans une variante What if où Mukoro survit au début du jeu. Mukuro est donc la protagoniste principale de cette histoire et c’est très agréable puisque ça en permet d’en voir un peu plus de ce personnage très mystérieux.
Le second est tout simplement le School Mode qu’on connaissait déjà dans le 1. Ce que j’ai vraiment aimé dans ce mode c’est la séparation finale avec les personnages qui est parfois assez poignante, elle se fait sur la plage avec une musique bien émouvante et on a vraiment l’impression que c’est la dernière fois qu’on verra les personnages.
Le jeu est une vraie purge à platiner, beaucoup de farming pour avoir tous les équipements de Monomi ou avoir tous les pets, je ne le recommande absolument pas.
Ce que je recommande par contre c’est d’obtenir les scènes bonus, en effet après avoir terminé le jeu, il est possible de revenir dans certains chapitres et à l’aide de nouveau choix de débloquer de nouvelles scènes avec CGs à la clé, c’est très agréable.
Si Danganronpa 2 a l’air vraiment mauvais quand on y jette un aperçu, il se révèle en fait excellent dès qu’on s’y intéresse de plus près. Comparé au premier, l’histoire a le bénéfice de devenir de mieux en mieux au fur et à mesure du jeu et on y accroche jusqu’à la fin (qui est par ailleurs aussi bonne que celle du premier sinon mieux). Le jeu se démarque par une grande richesse et les personnages sont excellents (j’en ai pas parlé plus en détail pour ne pas spoiler mais je considère que le jeu possède le meilleur méchant de la série). Avec cet opus, je considère que la série dépasse désormais les Ace Attorney en terme d’histoire, clairement indispensable pour ceux qui aiment les histoires policières et les bonnes histoires en général.
Développeur : Spike Chunsoft
Date de sortie : 2014 (2012 sur PSP au Japon)